Mes Oulad Bousbaa… » Capitaine Frère-Jean, 1906.
Un éclairage historique tout autant que factuel s’impose. Le but ici est d’éclairer le citoyen mauritanien ordinaire, qui, de loin, ne voit que le petit rocher qui s’avance vers lui, tout de blanc maculé. Ce citoyen ordinaire, qui n’a jamais vu de rocher blanc, crédule et rêveur, croit que ce petit rocher, qui porte dix sept colonels corsaires, n’est que mont, et merveilles fabuleuses. Il est loin de soupçonner qu’en dessous de ce petit cailloux immaculé, en apparence inoffensif, que précède une petite brise fraîche, berceuse d’illusions, il y’a un continent de glace, froid, impitoyable, ravageur. Le Tsunami qu’il va provoquer, au premier contact avec la réalité ferme, emportera cette fois toute la Mauritanie. Et le Sahara reverdira peut-être de tant d’eau déversée sur ses berges, mais sans nous, sans la Mauritanie.Prologue historique : Que ceux parmi les Oulad bousba, dont je ne met en doute ni l’honorabilité ni le nationalisme, et ils sont nombreux, (j’en cite de mémoire, les Ehel Marrakchi, Cheiguer, Gharrabi, Boukhary, et j’en oublie), des familles de lettrés notoires (Ehel Hommody, Benhmeida, et d’autres) que mes propos ici ne manqueront de blesser, parce qu’il s’agit malgré tout de leurs parents, si ce n’est de leur tribu, que ceux là m’en pardonnent.
Ces familles honorables et respectables, à l’histoire fière et propre, ne sont concernées à aucun moment par ce propos. Ces familles, prestigieuses à plus d’un titre, ont été malheureusement reléguées loin ces dernières années, par des personnalités que la fortune et le pouvoir ont porté aux rennes de la tribu, et une nouvelle oligarchie à l’ arrivage récent, qui constituent aujourd’hui le gros du contingent Oulad Bousbaa en Mauritanie. J’ai des parents très proches et des amis qui me sont très chers parmi cette tribu, et je leur voue une estime sans borne. J’aurais aimé ne jamais avoir à parler aussi crûment de telles choses, au risque de heurter des êtres qui me sont chers, mais il s’agit cette fois de la Mauritanie, et quand il s’agit de mon pays, il m’est interdit de me taire devant les dangers qui en menacent jusqu’à l’existence même, simplement pour des considération tribales ou parentales. Et je ne doute pas une seconde que les Oulad Bousbaa authentiques de Mauritanie, ceux-là qui y sont attachés depuis des générations, partageront tout à fait mon inquiétude et la comprendront.
Quand il s’agit de la Mauritanie, aujourd’hui comme hier, aucune tribu ne doit plus rester à l’abri. On ne peut dénoncer hier l’hégémonie tribale de certains, et se taire aujourd’hui pour d’autres. En clair ce qui est en cause ici c’est l’attachement réel de la tribu Oulad Bousbaa (plus exactement la majorité écrasant constituée du tout venant de celle-ci, et qui malheureusement détient aujourd’hui le sort des autres) à la Mauritanie, à sa souveraineté, à son avenir, à son existence même. En effet, à voir la légèreté et la dérision avec laquelle le président du CMJD traite et aborde les problèmes très graves dans lesquels se débat le pays, à voir le saccage de l’économie et des mœurs par une poignée de parvenus de la vingt cinquième heure, à voir la réorientation plus que douteuse de notre politique intérieure et extérieure à l’avantage de certains milieux étrangers bien connus, on ne peut s’empêcher de penser que ces gens qui agissent de la sorte doivent avoir un pays de rechange, pour aliéner aussi dangereusement l’avenir de ce qui est supposé être le leur propre. Surtout si l’histoire se met de la partie. Les Ould Bousbaa, tribu aux lointaines ascendances arabes, sont originaires du Maroc.
C’est le commerce, plus exactement le trafic des armes, qui les amena en Mauritanie, vers le milieu du 19ème siècle. Ils y découvrent que les armes à feu sont encore inconnues des maures. Leur redoutable marchandise aidant, ils eurent d’idée de transformer leur excursion commerciale en une conquête armée. Les détonations lugubres, jamais entendues auparavant dans ces étendues du silence, ajoutées à la barbarie de ces gens sans foi ni loi venus du nord, sèment une terreur jamais connues en ces terres, où il existait malgré tout un code strict de l’honneur et de la guerre. Après quelques succès fulgurants, dues à l’inégalité des armes, les tribus Hassan qui les affrontèrent eurent vite fait de reprendre le dessus, et les Oulad Bousbaa furent chassés de chaque émirat où ils voulurent prendre pied. Ils se retirèrent vers leur pays d’origine, mais quelques familles sont restées, coincées dans les zones côtières, le long du littoral. L’aversion naturelle que les maures ont pour la mer, où ils ne s’aventuraient pas trop en ces temps là, permit à ce petit nombre d’avoir la vie sauve.
Quelque rezzou Oulad Bousbaa, qui s’était reconstitué quelques années plus tard, voulut remonter vers le nord, et il reprit sur son chemin les razzias. Mais il finit par tomber sur bien plus fort que lui : les Réguibat. Ils furent décimés, et les survivants ne durent leur salut qu’à la tribu Ideichili, qui intervint en leur faveur, en les sauvant d’un génocide certain. Les petits groupes Oulad Bousbaa restés au sud n’eurent pas pour autant une vie de tout repos, car les tribus Hassan voisine de la côte, notamment au Trarza et en inchiri, continuaient à les pourchasser sans merci. La hargne des maures contre les Oulad Bousbaa était telle qu’on s’était donné la consigne très dure au Trarza : « si tu rencontres un Oulad Bousbaa et une vipère, tues le Oulad Bousbaa d’abord » (ila rayt sba3ï ou lva3ï, ktell sba3ï çabeg lva3ï, NDLR). Quelques Oulad Bousbaa, revenus à un commerce plus conciliant, ont pu, plus tard, élire domicile à Atar, où il se sont fortement mélangé aux Smassid. Les Oulad Bousbaa, qui étaient venus par centaines du Maroc la première fois (ce qui était considérable à l’époque), avaient presque totalement disparu de la Mauritanie quand arrive la colonisation française. Il en restait tout au plus quelques dizaines de tentes, essentiellement en Inchiri, et au Trarza. La pénétration française allait leur donner une seconde vie.
Les Oulad Bousbaa, qui ruminent encore leur vengeance sur les maures, et les Hassan (bien que d’origine arabe, les Oulad Bousbaa ne sont pas Hassan), croient que l’heure de la revanche a sonné pour eux, et proposent sans hésiter leurs services au projet de colonisation française (à l’exception d’une fraction dirigée par Ehel Marrakchi, et quelques autres en Adrar, qui firent dissidence de leurs cousins, en rejoignant la résistance). La France trouva en eux un précieux allié. Ils présentaient l’avantage d’être en conflit avec presque toutes les tribus maures, qu’ils n’avaient aucun attachement à une région ou un territoire particulier, d’être de bons connaisseurs de la société et du pays, et ils étaient familiarisés de longue date avec les armes. C’est ainsi que tous les premiers goumes coloniaux de Mauritanie sont constitués quasi-exlusivement de Oulad Bousbaa. Ils conserveront ce monopole et cette préférence auprès de la France. C’est là aussi l’origine d’un peu de fortune pour certains d’entre eux.
Après l’indépendance, la plupart des Oulad Bousbaa préfèreront suivre leur employeur français au Sénégal, ou rentrer au Maroc, plutôt que rester en Mauritanie. Ils ne reviendront en nombre en Mauritanie qu’au début des années soixante dix, timidement d’abord, puis plus massivement à partir du milieu des années quatre vingt. Ils sont redescendus par vagues successives du Sénégal et du Maroc, après qu’ils s’y soient fait oublié. Les événements avec le Sénégal allaient occasionner le plus gros retour des Oulad Bousbaa en Mauritanie. C’est peut-être une simple coïncidence, mais c’est aussi à partir de cette date que la Mauritanie entre de plein pied dans l’ère de la fraude, du trafic en tous genres, de la drogue, de l’alcool, de la prostitution, du blanchiment d’argent, des détournements à grande échelle, de l’argent roi.
Les Oulad Bousbaa de Mauritanie, étaient jusque récemment encore, une tribu plutôt pauvre, sans patrimoine, ni territoire propres. Ils se consacraient au commerce, pour les plus dignes d’entre eux, ceux qui possédaient quelques têtes de chameaux. Pour les autres, ils s’adonnaient à de petites activités commerciales douteuses, au Sénégal essentiellement. Nous l’avions dit : les Oulad Bousbaa, à quelques rares exceptions, furent les premiers à proposer leurs services aux visées colonialistes de l’hexagone, dans l’espoir de prendre leur revanche sur les tribus et émirats qui les avaient chassé. Autant dire que sans eux la France ne serait peut-être jamais allée au-delà de la région du fleuve Sénégal.
C’est grâce à leur aide, et leur connaissance du terrain, que s’est faite la « pacification » du Trarza, puis du Tagant (Où un Oulad Bousbaa a achevé de sang froid, d’une salve de fusil à grenaille, le grand héros et résistant Bakar Ould Soueid’Ahmed, à Bougadoum, alors qu’il était déjà mortellement blessé), et enfin l’Adrar (cf le commandant Frère-Jean, 1906). Après le départ des français les Ould Bousbaa ont vite périclité. La plupart préférèrent rester au Sénégal ou retourner au Maroc (leur pays d’origine), plutôt que s’installer en Mauritanie, où leur inimitié séculaire avec la quasi-totalité des tribus du pays, s’était doublée, pour la plupart d’entre eux, de l’étiquette peu enviable de suppôts du colonialisme français.
C’est dire donc que jusqu’au milieu des années soixante dix il était rare de rencontrer un Oulad Bousbaa en Mauritanie, où ils n’avaient aucun lieu de résidence connu, ou qui soit attaché à leur nom. Les quelques Oulad Bousbaa qui existaient en Mauritanie, se rencontraient essentiellement à Nouakchott ou Atar, pour les plus en vue, et pour le reste il s’agissait de quelques tentes qui vivaient de leur élevage, et qu’on pouvait rencontrer, en cherchant longuement, en Inchiri et au Trarza. C’est dire aussi que jusqu’au début des années quatre vingt les Oulad Bousbaa ne possédaient absolument rien, si on exceptait, les quelques têtes de chameaux et les quelques dizaines de boutiques du Sénégal cités plus haut.
Ce petit aperçu historique n’a, je l’ai dit, d’autre but que d’éclairer le lecteur sur l’histoire, les pratiques, et mentalité, de ceux qui aujourd’hui nous gouvernent. Car c’est le droit de chaque mauritanien de savoir. Certains diront que c’est un homme qui nous dirige, et que sa tribu n’a pas à être mise à l’index. Malheureusement, hier comme aujourd’hui, et aujourd’hui plus que jamais d’ailleurs, ce qui nous dirige c’est encore et toujours une tribu, jamais un homme seul, ou un groupe d’hommes. Des tribus qui profitent du pouvoir il y en a toujours eu en Mauritanie.
Mais le danger cette fois c’est qu’il s’agit d’une tribu qui, dans son écrasante majorité, n’a aucun attachement réel à la Mauritanie ( ils n’y ont ni territoire, ni patrimoine, ni histoire propres), et dont les attaches véritables sont notoirement étrangères. D’aucuns pensent qu’ils n’ont d’autres pays que l’argent et le profit tout simplement. Pour la première fois les richesses de la Mauritanie sont massivement déplacées à l’étranger, chez les voisins, et les moins voisins, à l’insu des mauritaniens. Autrefois, les détournements, l’argent publique, finissait toujours par profiter à la Mauritanie, d’une manière ou d’une autre.
Ces détournements restaient malgré tout au pays, car ceux qui en étaient les auteurs (quelque soit leur tribu, de l’est, du nord, ou du sud) avaient leurs attaches en Mauritanie, nulle part ailleurs. Ils y investissaient toutes leurs richesses, bien ou mal acquises. C’est là une maigre consolation c’est vrai, mais elle vaut toujours mieux que rien. Aujourd’hui nous faisons face à une tribu au pouvoir, et à des hommes, qui prennent la Mauritanie pour un grand navire en naufrage, qu’il faut vider en vitesse, puis disparaître, vers sa cité toute proche, ou vers une planque lointaine. Ce qui les intéresse ce n’est pas les passagers en détresse sur le navire, ceux là peuvent attendre. Ils sont sourd à leurs souffrances et à leurs appels désespérés. Il s’occupent uniquement des cales et des trésors qu’elles renferment.
A ceux parmi ces naufragés qui s’agrippent à eux malgré tout, ils leurs disent que eux sont là pour vider les cales, et qu’ils ont très peu de temps devant eux (on les comprends ; le navire sombre de toutes parts, sabordé par quelques complices à bord). Suprême astuce, pour être tranquilles, ils font croire aux miraculés qu’une autre équipe de secours viendra après eux, pour les sauver. Les pauvres naufragés n’ont d’autres choix qu’attendre, impuissants, accrochés à leur seul espoir. Ils regardent, médusés, la cargaison de leur navire disparaître sous leurs yeux.
Et quand le dernier corsaire aura quitté le navire, avec le dernier trésor tiré des soutes, les naufragés comprendront trop tard qu’aucune équipe de secours ne pourra jamais plus les sauver. Ils n’auront plus que le choix entre nager jusqu’à l’essoufflement ou couler à pique. Comme quoi les vrais Boat People sont ceux qui restent chez eux, et voient impuissants leurs richesses s’en aller par la mer.
De la dynastie Ehel Taya à la Dynastie Ehel Eleya, Cahier de devoirs d’un petit écolier issu de l’école X-OULD-Y.
Jusqu’au début des années quatre vingt les Oulad Bousbaa ne comptaient pas d’hommes fortunés à proprement parler. Leur patrimoine se limitait à quelques têtes de chameaux en Mauritanie, et quelques dizaines de boutiques au Sénégal. Les deux hommes les plus riches de la tribu étaient : Sidi Ould Dahi, qui possédait tout au plus une ou deux maisonnettes (plus tard il sera très riche grâce à l’argent publique.
Il avait trouvé une combine avec un trésorier publique de Rosso, du nom de Jeyid Ould El Bou, de la tribu Laghlal, qui lui prêtait l’argent de sa perception. Sidi le faisait travailler et le lui rendait avant chaque contrôle. Un jour Sidi lui tourne le dos, avec tout l’argent du trésor. Le trésorier se donnera la mort pour éviter l’humiliation et le déshonneur), et Azizi Ould El Mamy, transitaire à l’époque, qui possédait tout au plus une grande concession sise au Ksar (héritée frauduleusement de feu Commandant Soueidatt Ould Wedad, chez qui il était gérant), actuellement siège du groupe multinational Transac (appartenant à la tribu).Mais je me limiterais ici, pour ne pas être trop long, aux deux personnalités aujourd’hui les plus en vue, les chefs des Oulad Bousbaa New age : celles qui détiennent le pouvoir. Les autres suivront, dans d’autres textes.
I/ La dynastie Ehel Eleya
1 / Les chefs du CMJDA/ ELY OULD MOHAMED VALL OULD ELEYA.
Un conte maure dit qu’un jour une hyène trouva le sanglier « arr » (en hassaniya) en train de saccager un champs de « tara » (petit buisson très prisé de « arr »). L’hyène lui demande alors pourquoi il se donnait tant d’efforts à déterrer cette plante sans valeur ni goût. « Arr » le sanglier lui répondit que s’était pour avoir du muscle et se forger un puissant cou. L’hyène lui demande alors pourquoi il voulait avoir un puissant cou ? Le sanglier « arr » lui répondit le plus naturellement du monde que c’était pour pouvoir déterrer « tara ».
Cette fable pourrait en tous points s’appliquer au président du CMJD (et les cousins complices et alliés) actuellement au pouvoir. Pourquoi est-il si riche ? c’est pour prendre le pouvoir. Pourquoi alors prendre le pouvoir ? C’est encore pour être riche.En vérité Ely ne cherche pas le pouvoir, en tout cas pas pour l’heure. Il est trop malin pour savoir qu’il ne peut encore le conserver. Ce qu’il veut, en attendant, c’est se forger une fortune impériale, qui lui permette d’assurer à coup certain son come-back et celui de son clan. La transition est réglée sur mesure pour assouvir ce plan. Elle lui permettra de se débarrasser de ceux qui feraient encore obstacle, placer ses hommes, remplir ses valises, confier les clés du palais à l’autre Ould Eleya du CMJD, confier les clés de l’économie à Bouamatou et les autres hommes de la tribu, puis s’en aller tranquillement en vacances, avant le retour triomphal.
Bouamatou vient d’ailleurs de rentrer d’un voyage en Belgique où il a acheté deux villas flambant neuves pour Ely. Avant cela Ely avait acquis il y a quelques mois deux villas en Tunisie, et une à Las Palmas. Ely ne l’a d’ailleurs pas caché à son confident François Soudan. Il lui répond qu’à la fin de la Transition il compte beaucoup voyager. On sait maintenant vers quelles destinations. Il dît aussi à J.A, sur un ton qui ne veut plus de place au doute, que sa retraite est assurée. On sait désormais que ce n’est pas sur sa pension de retraite que le colonel compte pour assurer ses vieux jours.
Ely Ould Mohamed Vall Ould Eleya : natif de Louga au Sénégal. Fait école buissonnière, puis s’essaye à la petite délinquance dans sa jeunesse. Plusieurs larcins à Rosso, à la fin des années soixante, chez des boutiquiers et des particuliers. Fait de la prison, mais est libéré à chaque fois, par l’entremise de son beau frère Sid’Ahmed Ould taya, époux de sa grande sœur Lemliha Mint Eleya, actuelle épouse de Ould Bouamama, un oulad Bousbaa. A cette époque, Maouiya Ould Taya, jeune officier, avait l’habitude de passer ses jours de vacances chez son grand cousin Sid’Ahmed à Rosso. Lemliha profite de l’un de ses passages pour lui plaindre la perdition de son jeune frère Ely, et le supplie en larmes de faire quelque chose afin de lui éviter de sombrer dans le banditisme.
Ce dernier lui conseille de le prendre avec lui et de l’enrôler dans l’armée, seule capable de le redresser, selon lui. C’est ainsi que Ely rentre dans les rangs, sous le parrainage de Ould Taya. Celui-ci ne le laissera plus tomber. Il fera grâce à ould Taya une ascension fulgurante dans la hiérarchie militaire. Il est entrée en simple officier, et débarque en Mauritanie en pleine guerre du Sahara(où il ne combattit pas beaucoup), après plusieurs années d’études (Sénégal, France, Maroc), et dès 1984 il était déjà commandant de région militaire. En 1985 il est membre du CMSN, où il sera nommé directeur de la sûreté nationale, poste qu’il occupera jusqu’au jour où il décida d’être le tombeur de son unique bienfaiteur après Allah. A partir de son poste de DGSN Ely se consacre entièrement à sa tribu.
Il se met à construire autour d’elle un véritable empire tribal. Il fait littéralement renaître les Oulad Bousbaa (plus exactement le tout venant de celle-ci, qui en constitue aujourd’hui le pilier). Ely a un style particulier : il fait tout sans en donner l’air, et sans jamais être en première ligne. Son action est d’autant plus efficace ,pour son projet tribal ,qu’il agit dans l’ombre, le silence, et toujours par le biais d’hommes de mains, sans jamais apparaître lui-même. Ely est paresseux, c’est connu. Mais quand il s’agit d’intervenir pour un Oulad Bousbaa de sa propre fabrication, ou défendre les intérêts de la tribu, il bondit, en plein milieu de la nuit.
Il n’y a qu’à voir comment il s’est démené pour faire libérer son cousin Baba Ould Ahmed Youra, accusé de haute trahison, lors de l’affaire des vallées fossiles (il aurait favorisé le Sénégal, au détriment de ce qui est supposé être son pays. Vingt ans plus tôt il avait impunément saccagé la SNIM, dont le petit avion se déplaçait pour livrer un bouquet de menthe pour le thé de madame à Las Palmas, qui n’en trouvait pas sur place). C’était la première fois dans l’histoire de la Mauritanie, qu’une tribu osait narguer ouvertement l’autorité de l’état, avec une démonstration de force sans précédent. Le palais de justice et la prison civile sont littéralement assiégés, nuit et jour, les juges menacés, les policiers molestés. Ce siège se poursuivra jusqu’à la libération du détenu Oulad Bousbaa, par acquittement.
Ce fut alors une explosion de joie Oulad Bousbaa, qui prit d’assaut les rues de Nouakchott, insultant et vociférant contre l’état, les autorités, le pouvoir, dans l’impunité la plus totale. C’était là ,le début véritable du retour de la toute puissance tribale. Cet épisode allait être le départ de ce qui maintenant est une des traditions politiques les plus acceptées ; chaque tribu défend ses fils en prison, et fait le siège jusqu’à leur libération. Ely a un principe aussi, il ne donne rien directement de sa poche .Ely, à la différence de bien de ses « cousins » authentiques, est si radin, qu’il en étranglerait un coq pour un grain de blé avalé, comme on dit chez nous . Il use de tous les moyens, menaces, intimidations, délations, pour se débarrasser des obstacles qui se dressent devant la nomination, l’avancement, ou la prolifération financière, de ses cousins.
Au bout des cinq premières années seulement de son arrivée à la DGSN les Oulad Bousbaa « d’arrivage » avaient commencé à émerger, au détriment des tribus traditionnellement et historiquement puissantes, grâce aux pouvoirs « Elyséen » de Ely. C’était les débuts de la revanche, sur la Mauritanie et ses tribus, « des enfants du père du lion » ( traduction de « Oulad Bousbaa »), revenus d’outre frontières. L’empire des fils « des enfants du père du lion » règne aujourd’hui en maître absolu sur la Mauritanie, et les principaux postes clés de la république, sont solidement tenus par la tribu.
L’emprise Oulad bousbaa ,est désormais totale, et son pouvoir, ne souffre d’aucune intrusion. Le pétrole, les mines, l’industrie, la pêche, le pain, les pâtes, le commerce, les finances, le tabac, la drogue, le blanchiment d’argent, les armes, rien n’échappe plus à Ely et sa nouvelle tribu.Les biens propres d’Ely lui-même.Commençons par dire qu’Ely est issu d’une famille extrêmement pauvre. Elle squattait un terrain sis dans l’enceinte même de l’actuelle Radio Mauritanie, où elle avait une tente pour seule habitation, et une chèvre, une seule, comme tout patrimoine.
Avant 1984, Ely ne possédait pas un mur, et ne parlons même pas de voiture. En 1984, au moment du coup d’état, Ely habitait une maison sise près des jardins maraîchers de Nouakchott. Cette maison appartenait à sa sœur Lemliha, que celle-ci avait obtenue en dot de divorce de son ex mari. Il faut noter qu’on ne lui connaît aucune activité autre que celle de DGSN, dont le salaire ne dépasse au meilleur des cas 200.000 ouguiyas (environs 800 dollars aujourd’hui). D’ailleurs sa fonction lui interdit toute autre activité.
Au matin du 03 Août 2005 Ely devenait pourtant le premier président riche de la Mauritanie. Son patrimoine personnel à cette date est composé de plusieurs dizaines de villas et appartements, de plus de 7 marchés, de centaines de terrains parmi les plus lucratifs du pays, de chaînes de stations-service, de magasins, boulangeries, des dizaines de milliers de têtes de bétail, et ne comptons même pas les voitures et autre mobilier. Il est actionnaire dans plusieurs banques et sociétés parmi les plus florissantes du pays. Il serait fastidieux de faire le décompte de la fortune d’Ely, mais pour vous donner une petite idée de son degré de richesse, il suffit de savoir que rien que le revenu tirés de ses loyers immobiliers dépasse 27 millions d’ouguiya par mois ( 1 millions d’euros annuels), sans compter les revenus de ses avoirs financiers et commerciaux. Cà c’est pour ce qui est plus ou moins avouable.
Il y a maintenant les sources de revenus occultes, de loin les plus importantes. La défunte Fédération Nationale des Transports par exemple (qu’il a dissout sous la contrainte des bailleurs de fonds, tellement elle était devenue tentaculaire et puissante, grâce à Ely qui en fit sa chasse gardée, autant pour ses renseignements que pour ses finances) reversait à Ely bon an mal an plus de 100 millions d’ouguiya (le fameux service payé), que Ely engloutissait en totalité, alors qu’ils était destinés au trésor publique. On ne compte pas les recettes de la police, qui vont, elles aussi, directement dans les poches sans fond d’Ely. Chaque agent devait partager avec Ely les 200 ouguiya qu’il percevait à tors et à travers, sur chaque voiture qui a la mauvaise idée de s’arrêter à un contrôle de police. Et la moindre incartade d’un agent à cette règle était sévèrement réprimée.
En contrepartie les policiers avaient libre cour pour tout ce qu’ils voulaient faire d’autre avec les pauvres automobilistes. Si la police est aujourd’hui l’un des corps les plus corrompus de l’état c’est grâce à Ely, qui vingt ans durant s’appliqua méticuleusement à en faire le premier pourvoyeur de bandits et hors la loi de Mauritanie, à telle enseigne qu’elle en est à jamais irréformable. La lutte contre le banditisme passe aujourd’hui avant toute chose par le démantèlement pure et simple de cette police. Mais puisque celle-ci n’en est devenue que plus forte depuis le 03 Août, le banditisme a atteint depuis des sommets jamais égalés. Il y a aussi les débits d’alcool, qui devaient reverser à Ely un pourcentage conséquent de leurs recettes, s’ils ne voulaient pas avoir des décentes de police et les démêlées avec la justice. Il y a encore les prostituées et les délinquants, sur l’activité desquels Ely fermait l’œil, en contrepartie d’une partie des recettes, des fois des paiements en nature et en bonne chair pour les prostituées.
Un réseau de proxènètes et receleurs se chargeait d’acheminer les paiements ou la chair (des mineures souvent) à Ely, au bureau, en brousse, ou en appartement. Certains de ces proxènétes et receleurs sont devenus aujourd’hui des personnages semi-officiels, qui se déplacent au sein même de la délégation présidentielle, et s’affichent au grand jour (notamment le célèbre Soueid’Amar, communément connu des pros sous le nom de « médecin de nuit », pour ses « ambulances » nocturnes, qui arrivent en urgence absolue au moindre coup de téléphone abonné). Tous ces milieux bien entendu servaient aussi d’indics pour les renseignements.
Enfin arrive la drogue, et le blanchiment d’argent sale. Pour la drogue, la plaque tournante était Nouadhibou, où Ely avait placé son homme de confiance ; le commissaire Ould Adda, qui se chargeait de faire tourner le business. En plus des activités liées à la drogue, Ould Adda se livre au racket des étrangers, qu’il déleste de sommes importantes en devise, notamment les pauvres touriste, les concurrents du Rallye Paris-Dakar, les pauvres candidats à l’exil en Boat people (ce n’est pas pour rien que le nombre des clandestins en partance pour l’Europe depuis les côtes mauritaniennes a décuplé à partir du 03 Août, car la Mauritanie est devenue une vraie passoire et le business tourne à fond, dirigé désormais par nos propres services de sécurité), les prostituées encore une fois. Sur chaque vol d’Air Mauritanie, de grosse enveloppes de devises, sont acheminés par Ould Adda vers son boss à Nouakchott.
Ely gratifiera Ould Adda du poste de directeur de la sûreté de l’état après le 03 Août, pour ses bons et loyaux services, poste qu’il occupe aujourd’hui. Quant au blanchiment d’argent sale, Ely opère avec son cousin, banquier, et associé, Mohamed Ould Bouamatou. Mais celui-là nous lui consacrerons une rubrique entière à lui tout seul. Ely a en main aussi la Douane, où il a fait nommer un cousin (ou devenu tel, par un sombre marchandage). Ce cousin du nom de Mouhamedou Ould Bousneina fait passer toutes les marchandises Oulad Bousbaa en franchise absolu de droits et taxe, d’abord quand il était au port de Nouakchott où il est resté dix ans, puis ensuite à la douane.
Ely fait aussi, par le biais du banquier de la tribu Mohamed Ould Bouamatou, la contrefaçon de billets de Banque, et en submerge le marché (le fils d’un ancien député de la vallée avait failli divulguer le pot aux roses, avant d’être dissuadé autant par des menaces de mort que par des arguments sonnants et trébuchants. Quand à l’affaire Marc d’Ombres, associé et DGA de Bouamatou, qui était au fait des trafics en tous genres qui s’y tramait et voulut en informer au dernier moment, il ne dut son salut qu’à sa fuite vers son pays). Ely intervient auprès de la BCM pour faire céder des paquets de devises au profit de la GBM, et à ses cousins, et fut ainsi le premier artisan de la chute libre de notre monnaie nationale.
Une réforme du secteur bancaire, qui était en cours avant le 03 Août, allait imposer que les banques ne soient plus dirigées par les actionnaires, ce qui constitua une menace directe sur les activités occultes de Ely à la GBM si Bouamatou était obligé de céder la gestion de la GBM à une personne étrangère au « business », d’aucuns disent que ce fut l’une des raisons déterminantes du putsch. Ely, il faut le dire, n’a confiance qu’en ses cousins et frères. Toutes ses activités sont chapotées par un frère ou un cousin direct. Bokke Ould Eleya, le jeune frère, est chargé des marchés publiques. Il raflera tous les marchés juteux des télécoms (Domsat, les antennes relais du réseaux GSM, etc.). Il gère aussi les licences de pêche pour le compte du grand frère.
Bokke a quelques hobbies propres ; récolter l’argent pour son frère, collecter les villas (il en possède une bonne quinzaine à Nouakchott, plus un appartement à Las Palmas en face de l’hotel Mélia), se saouler à mort, et jouer comme un malade dans les casinos. Ahmed Bezeid Ould Allouch, cousin maternel d’Ely, et Oulad Bousbaa, jouissait de la confiance d’Ely, pour lequel il gérait tous ses biens immobiliers, avant de tomber en disgrâce, au profit d’un autre cousin (la mère d’Ely a tenté jusqu’à sa mort de réconcilier son fils et son neveu, sans succès, car Ely, comme Ould Taya, a la rancune tenace). Ahmed Baba Ould Eleya, cousin direct d’Ely, a repris la place de Ould Allouch dans la gestion du patrimoine foncier d’Ely. Il dirigea aussi la chaîne de boulangeries de son patron, avant d’être parachuté président de la puissante fédération des boulangeries de Mauritanie, qui était elle aussi un nid d’indics.
Ahmed Baba Ould Eleya était avant cela le maître berger chargé exclusivement du cheptel du grand boss. C’est lui qui vient de remporter le marché de la troisième licence de téléphonie que d’aucuns appellent aujourd’hui « ELYTEL », car bien sûr Ahmed Baba, tout le monde le sait, ne fait qu’agir pour le compte de son patron de président. Enfin, preuve s’il en faut qu’Ely ne fait confiance qu’à ses cousins et ne s’en cache plus, il confie sa garde personnelle après le 03 Août au plus proche parmi les proches : le colonel Mohamed Ould Abdelaziz Ould Eleya lui même. Même Ould taya, qui n’est pourtant pas susceptible de détester ses parents, n’avait nommé un cousin à lui, même lointain, pour assurer sa garde rapprochée. C’est une première dans l’histoire du pays, aucun président avant Ely n’avait été ostentatoire à ce point (si l’on excepte le contexte bien particulier où Moctar Ould Daddah fit nommer quelques uns de ses frères à de hautes fonctions de l’état).
C’est que Ely ne veut pas commettre l’erreur de Ould Taya, et confier sa sécurité personnelle, celle de son pouvoir, à une personne étrangère au cercle familiale ; il sait ce qu’il en coûte. Le problème c’est qu’avec un tel précédent chaque président (s’il en arrive bien sûr) voudra s’entourer exclusivement de ses proches, et plus personne ne pourra s’en offusquer. Autrement dit c’est la voie grande ouverte vers les dynasties tribales, à partir d’un bastion présidentiel, tribalement bien en main.B/Le deuxième membre du CMJD (le CMJD ne compte en réalité que deux membres) :
Mohamed Ould Abdelaziz Ould Eleya.
Natif aussi de Louga au Sénégal. Cousin direct d’Ely, et gardien du temple « Elyséen » depuis le 03 Août. Touche à la délinquance dans sa jeunesse, comme son grand cousin moustachu. Plusieurs séjours en prison à Louga, dans les années soixante dix (vols à la boutique et menus larcins). Il doit sa libération à chaque fois au mari de sa tante, du nom de Ould Lehah (tribu Kounta), commerçant établi à Louga, depuis plusieurs années. Il débarque en Mauritanie vers la fin des années 70, et va voir son cousin Ely.
Celui-ci, qui connaît déjà la potion, l’enrôle dans l’armée, et lui décroche une bourse militaire pour l’Académie de Mekhnès (celle-là même dont est issu Ely). Au Maroc Ould Abdelaziz (Oueiziz pour les potes, et Aziz pour les moins intimes) sombre dans l’alcool. C’est en fréquentant le milieu de la « saoul », ou les « potes » (comme on les appelle en Mauritanie), qu’il rencontrera sa future épouse, elle-même alcoolique, et droguée jusqu’à la moelle. Il commence à fréquenter la famille de sa futur épouse, une famille de notables mauritaniens smassid (çà tombe bien pour lui), établie au Maroc. Le père n’en croît pas ses oreilles quand Ould Abdelaziz se décide à lui demander la main de sa fille, tellement heureux qu’on le soulage de cette pauvre fille dont il ne sait plus quoi faire.
Reconnaissant, le père fera tout dès cet instant pour que Ould Abdelaziz fasse une ascension fulgurante dans l’armée, et fera jouer toutes ses relations au Maroc et en Mauritanie. Revenu au pays il est repris en coupe par Ely, que la nouvelle relation matrimoniale de Ould Abdelaziz avec la tribu Smassid rend fou de joie, car elle va lui faciliter infiniment la tâche et le rôle auquel il destine son jeune cousin. C’est qu’il avait déjà des projets pour lui. Dès lors Ould Abdelaziz cesse d’être le militaire qu’il ne fut jamais. Il ne connaîtra plus que les bureaux climatisés, et les atmosphères feutrées des villas cossues de Tevragh-Zeina.
A l’armée il laissera, dans les quelques postes qu’il a occupé çà et là avant de se mettre en rampe de lancement pour la présidence, l’image d’un homme propret, douillet, presque délicat, qui a l’air de tout sauf d’un rugueux militaire (depuis qu’il a délogé héroïquement une femme et ses trois enfants du palais présidentiel, Aziz nous la joue Attila le Hun, ou les durs mystérieux. Mais seuls les civils sont impressionnés. Les militaires eux savent ce qu’il en est). On lui prête des préoccupations uniquement somptuaires, partout où il est passé. La seule chose qui l’intéresse c’est comment écouler son budget, et il en avait toujours de conséquents de budget (il avait notamment une rubrique spéciale au budget de l’état intitulée « divers nourritures », pour le BASEP. Cette rubrique était dotée d’environs 130 millions, que Aziz engloutissait en entier, et affamait ses soldats).
Une petite anecdote avec un jeune sergent en dit long. Ould Abdel Aziz avait infligé une sanction de mise aux arrêts de rigueur contre ce sergent. Un jour il arrive et trouve la porte de la prison du jeune sergent fermée, comme il se doit. Au lieu de l’ouvrir avec la clé, Aziz se défoule et la défonce. Le jeune sergent, qui était à l’intérieur, lui dit alors qu’il sait pourquoi il a défoncé la porte ; c’est pour trouver prétexte à dépense, et remplacer toutes les portes de la garnison. Aziz furieux lui double sa peine. Il a laissé une très mauvaise impression dans les quelques garnisons qu’il a commandé (il n’a jamais servi ailleurs qu’à Nouakchott). Les soldats qu’il a commandé se plaignent tous du détournement systématique de leurs rations alimentaires, rations qui étaient sa seule source d’enrichissement durant ses premières années. Même quand il est devenu relativement riche, Aziz continuait à détourner la ration alimentaire de ses hommes.
C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle ses hommes n’ont pas voulu combattre pour lui lors du coup d’état du 08 juin. Si certains hommes du BASEP sont revenus pour reprendre le combat c’était uniquement à cause de feu capitaine Mohamed Ould Oudaa, officier héroïque, qui combattit jusqu’à la mort ce jour là, et pour lequel les soldats du BASEP vouaient une estime et un dévouement sans limite. Le 08 juin Ould Abdelaziz disparaît avec les clés du dépôt de munition du BASEP. Ould Oudaa ordennera à ses hommes de défoncer la porte, puisque Aziz était introuvable. Aziz ne réapparaîtra que le lendemain matin, après que le BASEP ait livré le plus dur des combats, toute une nuit durant, sans lui.
Un autre exemple du mauvais traitement que Ould Abdelaziz infligeait à ceux qui le servaient est un pauvre soldat, qui lui était détaché en ordonnance pour sa maison (autrement dit un domestique). Aziz l’a emprisonné plusieurs jours, et l’a humilié publiquement, pour avoir simplement cassé un plat de vaisselle. Aziz est un personnage ombrageux, qui vit enfermé, et déteste les visiteurs. Il est distant, arrogant, suffisant. C’est qu’il a sur qui compter ; d’un côté son cousin Ely, de l’autre sa femme, très introduite au palais, amie et confidente de la présidente pour laquelle elle tenait lieu de chef de cabinet jusqu’à sa disgrâce, disgrâce que d’aucun disent qu’elle fut le déclic qui précipita le 03 Août. Après un petit passage donc à l’état major, puis à la sixième région militaire, Aziz allait se voir propulser, par l’action conjuguée de Ely et celle de son épouse, au poste de commandant du très convoité BASEP, chargé de la sécurité présidentielle.
Commence alors pour lui l’heure, de l’enrichissement d’abord, puis du pouvoir ensuite. C’est lui qui le premier initia la pratique, très en vogue depuis, de l’accaparement des places publiques. Il commence par s’approprier sans autre forme de procès la place publique sise face l’école 2 du Ksar. Dans cette parcelle de terrain surdimensionnée il construisit son célèbre Hammam, où les militaires qu’ils commandaient avaient obligation de travailler et servir les clients gratuitement.
Suivent plusieurs autres places publiques, et quelques terrains bien placés. Ensuite Aziz s’improvise transporteur, et acquiert coup sur coup une vingtaine de camions semi-remorques. Pour un jeune colonel dont la solde mensuelle ne dépasse guère 100.000 ouguiya, il y a déjà de quoi adhérer au syndicat des patrons de son cousin Bouamatou.
Il en était encore à ce niveau quant il est sollicité par son grand cousin pour le 03 Août. Depuis cette date le patrimoine du jeune ambitieux a cru à vue d’œil. Aujourd’hui il a une usine près de Bénichab, dans l’Inchiri. Il possède un domaine de plusieurs kilomètres dans la même région, où sont acheminés jour et nuit des dizaines de containers qui pourraientt être une nouvelle usine d’on ne sait trop quoi. Il a acheté plusieurs villas au Maroc, où parait-il il compte se retirer en cas de pépins. Il a placé de l’argent en bourse à Casablanca, que des cousins font fructifier. Quant à Nouakchott il y possède déjà plusieurs villas, et pas un seul marché publique juteux n’est passé sans qu’il en perçoive sa commission.
Il paraît qu’il s’est spécialisé dans le domaine de la pêche, dont il fait sa chasse gardée, par le biais de son homme à tout faire ; le commandant de la surveillance des pêche, nommé par lui-même à ce poste, en dehors de toute procédure légale (même le chef d’état major, qui est seul habilité à nommer un militaire, n’était pas au courant). Ce dernier se charge, avec l’aide du ministre, de chasser du secteur les anciens armateurs, puis les faire remplacer par de nouveaux, qui devraient émaner soit de Aziz directement soit être associés aux hommes d’affaires CMJDEENS (entendez exclusivement Oulad Bousbaa, ou agrées).
A suivre..
A.O.K
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Droit de réponse :
AOK,
L’objectivité que tu prônes aurait voulu que tu discrimines tes propres propos et analyses de ceux du capitaine Frèrejean. On voit que tu as délibérément mélangé sans doute pour semer la confusion.
Pour ton information et pour celles des internautes, les mémoires de Frèrejean seront bientôt publiées en ligne entre d’autres documents historiques par un groupe d’intellectuels mauritaniens.
Cela dit, dans le récit inédit et bien documenté du français, il est parlé principalement de 4 individus OuladBousbaa :
1. Khyarhoum, alias barbe bleu un OuladBousbaa du bas delta de la fraction EhlMinne Ehna qui aurait joué un rôle certain dans les problèmes internes au sein de l’Emirat du Trarza avec notamment des alliances versatiles et toujours très peu orthodoxes avec Ould Sidi et son rival Beyada ;
2. Un Hartani Ehl Minnahna, goumier de son état et qui aurait achevé l’émir Bekkar suite à la bataille de Bougadoum menée par Frèrejean pendant sa montée vers le Brakna en 1905;
3. Un commerçant au nom de Abderrahmane qui séjournait à Louga et qui aurait été tué lors de la défaite des Oulad Bousbaa à Voucht en 1902 face aux Rgueibatt (seule défaite incontestable des Oulad Bousbaa au 20ème siècle) ;
4. Un leader Dmeissat au nom de Cheikh Elmoctar qui aurait coordonné la riposte opérée par les gens du Nord (Tiris et Adrar) suite à la liquidation de Coppolanni en mai 1905 et le raid qui devait avorter le processus colonial n’eut été une trahison d’une partie du contingent venus pourtant décidé à en finir avec les français et ayant entamé une bataille au voisinage de Tijikja, bataille avortée mais longuement décrite par Frèrejean sous le nom de Oum Ederg..
Pour ton information, Frèrejean a témoigné sans équivoque de l’honorabilité des OuladBousbaa, mais aussi de leur bravoure et de leur générosité légendaire. Honorabilité, car Frèrejean savait que cette tribu polycéphale, un peu étrangère et déboussolée pouvait représenter un atout inégalé aux français. Pourtant, il n’en sera rien, mis à part le cas du fameux hartani Ehl Minnehna qui, bien entendu a servi comme goumier, tout comme des centaines d’hommes toutes tribus et toutes ethnies confondues. Seuls, les évènements qui ont suivi l’opération Tidjikja la nuit du 12 mai 1905 et la mobilisation historique de l’Adrar coalisé avec le Nord avec notamment les disciples de Cheikh Malainine, joints à un contingent OuladBousbaa et Regueibatt, fort de 600 fusils mousqueton Lebel, seuls ces événement là, témoignent du positionnement honorable des OualdBousaa.
Dans le récit de Frèrejean, il est souvent dit que les Ouald Bousbaa étaient indomptables aux yeux de l’administration française. Un peu plus tard, l’histoire retiendra qu’ils ont refusé la collaboration comme l’ont fait plusieurs communautés connues de tous. Ils ont résisté jusqu’à la dernière bataille de Mountounsi, où ils prirent part et laissèrent 6 vaillants moujahidines des leurs, avec bien entendu, les moujahidines du rezzou spontané et constitué de gens de différents bords dont entre autres des Ouald Lab et des OuladDleim.
Je n’ai pas beaucoup de temps, mais je me senti offensé par ton commentaire et par ta volonté à nuire à l’image de cette communauté et à son sentiment citoyen et honorable. Bien que j’ai beaucoup de réserves sur le déluge d’informations apportées, je n’ai aucun commentaire à apporter sur les fait plus ou moins accablants que tu apportes par rapport aux personnes physiques.
Aussi, pour ton information, les collabos étaient souvent des gens en manque de moyens ou de protection et cela n’a jamais été le cas de la communauté dont tu parles. Les OuladBousba n’ont jamais accepté l’humiliation depuis leur descente périlleuse du Maroc où ils furent chassés par un Sultan alaouite jusqu’à nos jours..
Cela dit, libre à AOK de procéder à la chirurgie des OuladBousbaa des dernières décennies et des profils des uns et des autres, mais cela ne requière pas une plongée subjective dans l’Histoire de toute une communauté, dans le but exclusif de chercher à prouver que les mauvaises pratiques de certains trouvent leur explication dans un gène malicieux qui existaient chez ces gens depuis la fin de l’avant dernier siècle..
Amicalement
Trojan
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c'est en parcourant les commentaires que je suis tombé sur ces deux textes, n'ayant pas grand chose à mettre en ligne j'ai jugé qu'il serais domage que cet echange passe inaperçu, parmi le flot incessant des commentaires plus ou moins interessants.
comme personne n'avait demandé à ce que ni l'un ni l'autre des deux commentaires ne soient censurés, j'ai décidé de mettre les deux en ligne.
X.